Fin des fouilles préventives

Ce vendredi 4 octobre en début d’après midi les archéologues, après avoir prélevés les derniers ossements fouillés, quittaient le chantier de la place de la République, remplacés quelques minutes plus tard par la pelle mécanique, le progrès ne pouvant attendre… !

Derniers relevés pour les archéologues avant que la pelle mécanique ne prenne le relais !
Derniers relevés pour les archéologues avant que la pelle mécanique ne prenne le relais !

La veille, lors du démontage d’une tombe, les archéologues ont découvert un fragment d’entrelacs carolingien ayant pu appartenir à l’église primitive. (1)

Fragment d’entrelacs découverts lors des fouilles.
Fragment d’entrelacs découverts lors des fouilles.

Dans le courant de la semaine, un niveau de sol romain, composé d’un béton de tuileau, a été reconnu rue Notre-Dame, entre le bureau de poste et la sacristie. Il avait déjà été observé en 1959. (2)

Niveau de sol romain marqués par les deux flèches.
Niveau de sol romain marqués par les deux flèches.

Dans le même secteur, nous connaissons aussi une mosaïque, située entre la sacristie, la Caisse d’Epargne et l’ancien presbytère protestant. Elle a été partiellement dégagée en 1912, lors de travaux d’assainissement puis « revue » en 1934 lors de travaux. L’architecte Jean Pietri avait pu la dessiner. Toutefois, il est peu probable qu’elle soit à nouveau mise au jour dans le cadre des aménagements actuels, les nouveaux réseaux étant moins profondément enfouis. (3)

Pour les spécialistes de l’INRAP, va maintenant commencer une nouvelle phase du travail. Tous les objets et ossements découverts vont être étudiés ; tous les éléments reportés sur un plan, des coupes stratigraphiques établies…

Par ailleurs, tous ces éléments vont être situés dans le contexte local. Pour cela les archéologues étudient les textes anciens qui fournissent souvent d’intéressantes précisions sur la description de la cathédrale et de ses abords immédiats –cloître notamment- avant que le site ne soit détruit lors des guerres de religion.

Ancien conservateur du Musée de Die, M. Henri Desaye a bien voulu nous illustrer ce travail de recherche en nous communiquant un texte écrit par le chanoine Columbi au 17e siècle qui précise l’emplacement de l’ancienne église dite baptismale ou des « petits enfants », auprès de laquelle étaient ensevelis les enfants car les Diois d’alors « ne voulaient pas que les corps sanctifiés par le baptème, d’enfants innocents, soient mêlés, après la mort, à des membres qui, durant longtemps, avaient pu servir à l’impureté et à l’impiété… ». Cette église était dédiée à Jean-Baptiste. (4)

Toutes les traces de mur découvertes lors des différentes campagnes de fouilles, sont reportées sur un plan d’ensemble qui, terminé, permettra une meilleure lecture de l’environnement de la cathédrale aux différentes époques de son histoire.

Un exemple de mur découvert lors des fouilles. Il n’est visible que sur 2 mètres environ mais son orientation Est-ouest, permet de supposer son appartenance à un ancien bâtiment cultuel.
Un exemple de mur découvert lors des fouilles. Il n’est visible que sur 2 mètres environ mais son orientation Est-ouest, permet de supposer son appartenance à un ancien bâtiment cultuel.

Bien évidemment, tous ces éléments seront confrontés aux autres découvertes faites en France ces dernières années.

La dernière étape consistera en la rédaction du rapport de fouille, document scientifique présentant de façon méthodique et très précise l’ensemble des informations recueillies.

D’ici là, les archéologues de l’INRAP nous présenteront une première synthèse dans le prochain numéro des Chroniques du Diois, à paraître à la mi-décembre.

Texte & photos © Christian Rey

(1) Le musée de Die et du Diois conserve plusieurs fragments de ces ornements composés – d’où leur nom- de motifs entrelacés. Ils ont été publiés en 1975 par Mme BUIS Micheline, auteure d’une thèse de Doctorat de 3° cycle « La sculpture à entrelacs carolingiens dans le sud-est de la France »

(2) Lors des travaux de construction de l’hôtel des Postes, par une équipe d’archéologues amateurs sous la conduite d’Henri Desaye, le 10 novembre 1959.

(3) Sur cette mosaïque, voir H Lavagne, Recueil général des mosaïques de la Gaule, III, Narbonaise, Paris, 2000 ? P ; 110-111 et planche XXV.

(4) RP Ioannis Columbi, … de rebus gestis valentinorum et diensium épiscoparum libri quatuor – Lyon, Jonas Gautherin, 1638, p. 59-60. Texte communiqué et traduit par M. Henri Desaye.

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