Un chantier de fouilles préalable
Du 7 octobre au 15 novembre, les archéologues de Paléotime ont réalisé le chantier de fouille préventive prescrite par l’Etat sur le chantier d’extension de la Cave de Die Jaillance. En effet c’est dans ce secteur qu’avait été découvert fortuitement en 1991, un ensemble de stèle néolithique dont une statue menhir de 4 m de haut (aujourd’hui exposée au musée de Die). Si ce type de stèle est assez commun dans l’Ouest de la France et notamment en Bretagne, le grand menhir de Die reste unique pour tout le sud de la France.
Des traces d’occupation humaine
Dans les sondages de diagnostic réalisé en avril 2013 par l’INRAP, les archéologues pensaient avoir décelé les vestiges d’un paléochenal (ou paléovallon, est une dépression naturelle ayant piégé des sédiments sur une grande durée). « Quelque chose d’extrêmement rare, puisque nous en connaissons peu pour cette période » explique Julia Patouret la responsable scientifique du chantier de fouilles pour le compte de Paléotime (un opérateur d’archéologie préventive, agréé par l’Etat pour les périodes allant du Paléolithique à la Protohistoire).
Vue générale du site en cours de fouille.
Dans cette ancienne terrasse de galet de la Drôme, entre le ruisseau de Cocause, des creusements naturels ont permis de piéger les installations mises au jour par les archéologues pendant leur campagne de fouilles cet automne.
Deux zones d’anciens foyers font l’objet d’une fouille méticuleuse.
Le site (une emprise d’environ 2000 m2 fouillés) se situe entre le néolithique moyen (entre 4500 et 2500 avant J.-C) et le néolithique final (2500-1800 avant J.-C.). »C’est une fourchette plutôt large » prévient la responsable d’opération. « Sur ces périodes nous avons l’habitude de raisonner en millénaire. »
Sur le site, un fossé avait été repéré par l’INRAP lors du diagnostic, qui s’est avéré être une succession de petites dépressions naturelles et non un aménagement anthropique. En dehors de ce fossé existe sur le site un grand paléochenal (dans la petite bande au sud de l’emprise) qui contient du mobilier néolithique encore indéterminé.
Autour des ces ruisseaux plusieurs empierrements, des traces d’anciens foyers ont été mis au jour. « Nous avons plusieurs systèmes d’organisation dans l’aménagement des fosses. Nous avons là une occupation liée à une activité technique humaine. » A cet instant précis de la fouille, il était encore difficile pour les archéologues d’être affirmatif pour déterminer précisément la fonction des foyers : alimentation humaine, atelier de séchage de viande, grillage de graines…
Un ancien ruisseau en cours de fouille, les géotextiles sont destinés à protéger les bords de la tranchée pour permettre aux archéologues une bonne lecture de la stratigraphie du sol.
« C’est pour le moment difficile de dire s’il s’agit d’occupation sur de longues périodes, sur plusieurs génération ou d’une seule et même occupation. Nous devrions pourvoir le préciser en post-fouilles » indique Julia Patouret. C’est à dire lors du travail d’analyse de l’ensemble des éléments découverts par les archéologues et notamment du mobilier.
« L’avantage de ce type de structure de combustion est la présence de charbons de bois qui permettront des datations au Carbonne 14. Cela donnera la possibilité d’affiner une datation » précise t-elle. De même les archéologues ont mis au jour du mobilier (silex, petits éclats, petites lames, fragments de céramiques sans décors, des fragments de meule en pierre, malacofaunes, petits escargots) qui leur permettra de mieux caractériser la période d’occupation et le milieu naturel.
« C’est un beau site, bien conservé » concluait Julia Patouret à l’issue de la présentation du chantier.
Fragment de lame en silex, typique du Néolithique, découvert sur le site.
Sur le sol décapé, un foyer apparaît, à l’arrière plan, les archéologues au travail.
Le rapport de fouilles qui devraient être rendu l’été prochain permettra d’en savoir plus. Les archéologues pourront aussi faire le lien sur les occupations les plus anciennes du Diois autour des sites les plus emblématiques de cette période de Maumuye à Saint-Roman, les grottes du Trou-Arnaud (Chasséens) à St-Nazaire. Enfin les archéologues devraient revenir si le projet de phase 2 de la Cave de Die Jaillance se réalise. Une zone a, en effet, été mise en réserve sur la seconde partie du Site.
Texte et photographies : ©SLC-novembre 2013