Ces journées de confinement incitent à se replonger dans ses cartons ou mieux dans sa bibliothèque. Parmi les livres poussiéreux, de petits trésors réapparaissent après quelques décennies d’oublis. Un ouvrage intitulé « Veillées populaires en Diois » écrit et publié en 1983 par Roland de la Platière auteur entre autres de « Jadis les Voconces » sort du lot. « On dit que les fables sont des histoires désuètes ; on dit que les contes ne servent qu’à endormir les enfants ; on dit que les légendes ne sont que les radotages du temps qui passe ; et on dit ainsi sérieusement beaucoup d’autres bêtises, car vouloir enlever tout merveilleux de notre vie, c’est vouloir faire de celle-ci un désert stérile dans lequel il n’y aurait même plus une oasis pour se rafraîchir l’esprit. » Le ton est donné et se succèdent quinze succulentes petites histoires aussi charmantes les unes que les autres. Étonnamment, elles n’ont pas de titre laissant libre choix au lecteur d’en inventer un. Voici quelques extraits : « Le Diois, c’est le pays où le Dauphiné fait de l’œil à la Provence, où le Nord vient se faire bronzer au Sud et où ce coquin de soleil fait une cour caressante aux vaporeuses edelweiss. »
« Les montagnes étaient entièrement recouvertes par de brillantes forêts de hêtres entrecoupées en plusieurs endroits par de fraîches et luxuriantes clairières. Tout au fond des gorges, le rocher de la Dent de Die, sans doute tombé de la bouche d’un géant, émergeait verticalement de la haute futaie de sapins qui le pressait de toutes parts. Au-dessus de ce menhir naturel, s’élevaient enfin les vertigineux escarpements blanchâtres du Glandasse qui paraissaient vouloir soutenir à eux seuls tout l’azur du ciel. » « Ainsi, la Meyrosse va se jeter dans la Drôme, laquelle va se jeter dans le Rhône, lequel à son tour va se jeter dans la mer. Et si un jour vous allez vous promener le long du rivage doré de la grande bleue, approchez-vous tout près de la mer et ouvrez bien grandes vos oreilles. Vous entendrez alors comme un vague murmure ou plutôt comme un chuchotement de voix lointaines qui semble arriver du fin fond des eaux : eh bien, ce murmure, ce chuchotement, c’est tout simplement le Drôme et la Meyrosse qui continuent à se quereller jusque dans la mer. »