Place de l’Horloge, les fouilles se poursuivent

Comme nous l’avions annoncé, l’INRAP a organisé cette semaine deux journées de portes ouvertes sur les fouilles préventives de la place de la République à Die.
Mardi 5, la journée était réservée au public scolaire et les archéologues ont accueilli 197 élèves.
Le mercredi 6 était consacré au grand public, et c’est plus de 280 personnes qui ont fait le déplacement. Ainsi avec presque 500 personnes en deux jours, cette initiative de l’INRAP fut un véritable succès populaire.
Les archéologues en charge du chantier, Christine Ronco, responsable scientifique, Eric Charpy, Magalie Guérit, Pierre Rigaud, Céline Valette, épaulés Chrystel Fraisse, chargée de communication à l’INRAP Rhône-Alpes en charge de cette animation et par Jacques Planchon, conservateur du musée de Die et du Diois, ont présenté, à partir de différents panneaux explicatifs, le cadre des recherches et les principales découvertes réalisées depuis son ouverture.

Cadastre napoléonien de la ville de Die
Sur cet extrait du cadastre napoléonien de Die, on distingue, adossées au clocher, les maisons démolies à la fin du 19e siècle ; a gauche, sous la mention « place » le petit carré correspond approximativement à l’endroit de la découverte des trous de poteaux, il s’agit peut-être de l’ancien lieu des exécutions. L’ancien cloître s’étendait sur la majorité de l’emprise de la « place Saint-Eymieux.
(Source : Archives départementales de la Drôme)

Depuis le mois de décembre, les fondations de diverses maisons, construites au 16e siècle ont été dégagées. Elles étaient appuyées sur le mur du cloître, édifice détruit pendant les guerres de religion.
Les maisons elles-mêmes ont été démolies à la fin du XIXe siècle, afin de dégager le clocher de la cathédrale et d’agrandir la place. Les caves ont pu être dégagées, avec la découverte d’une cuve à vin dont l’intérieur est toujours revêtu de carreaux vernissés.

Dans les caves, encore en place, une cuve à vin du 16e siècle aux parois internes revêtues d’un carrelage vernissé.
Dans les caves, encore en place, une cuve à vin du 16e siècle aux parois internes revêtues d’un carrelage vernissé.

Plusieurs trous de poteaux en bois, découvert dans un même secteur, pourraient correspondre à l’ancien lieu des exécutions capitales et d’exposition des condamnés au pilori, ces pratiques étant attestées à Die par de nombreux documents d’archives.

Entre les bâches noires, on distingue un ensemble de trois trous de poteaux récemment fouillés

Entre les bâches noires, on distingue un ensemble de trois trous de poteaux récemment fouillés

Les archéologues ont également découvert plusieurs tombes qui ont été fouillées. Les squelettes ont été prélevés pour examen, ils fourniront d’utiles indications, notamment sur les maladies qui ont pu affecter nos ancêtres.

La découverte la plus spectaculaire restera peut être celle d’un mur romain conservé sur près d’un mètre d’élévation et plusieurs mètres de longueur ; il appartenait à un immeuble qui a partiellement brulé. Les archéologues ont pu mettre en évidence que ce mur, sur sa face extérieure était recouvert de grandes plaques de marbres dont l’empreinte est encore bien visible, quelques éléments d’une corniche de marbre étaient également présents.
Dans la partie interne de la fouille (intérieur de l’immeuble) ce mur était revêtu d’une couche d’enduit sur lequel avaient été peintes des fresques. La partie supérieure de ce décor s’est effondrée, les fragments se sont bien conservés et ont contribué à protéger le décor resté en place à la base du mur. Ils ont été déposés par le restaurateur Vincent Ollier (Jaillans), à la demande et aux frais de la commune, avec l’accord de l’Etat.
Sous ces fragments, au niveau du sol, des morceaux du plafond, également peint ont été retrouvés et prélevés, ainsi qu’un morceau de bois carbonisé, correspondant sans doute à un élément de charpente. A partir de cet élément, différentes techniques scientifiques permettront d’identifier l’essence de l’arbre, chêne, hêtre ou sapin, et d’affiner la datation de cet édifice qui pourrait remonter au 2e siècle, avant d’être détruit par un incendie au 3e siècle (technique du carbone 14).

Les décors retrouvés seront analysés par l’INRAP Valence qui tentera une restitution aussi complète que possible. Parmi les fragments présentés, nous avons observé un panneau rouge décoré d’une guirlande, une sirène (buste de femme sur corps d’oiseau) des candélabres végétaux très colorés ou encore un panneau avec des oiseaux.

Les archéologues ont également expliqué que s’agissant de fouilles préventives, celles-ci ne concernaient que les zones superficielles, celles qui seront affectées par les différents aménagements urbains ; il s’agit de recueillir le maximum d’informations avant la destruction du site par les engins de terrassement. Les couches plus profondes restent préservées et constitueront en quelque sorte une « réserve archéologique » pour les générations futures.
Cette première phase des fouilles va se terminer courant février, et dans l’attente de la campagne prévue à partir de septembre dans le secteur de la sous-préfecture, l’INRAP communiquera un premier résumé de ces découvertes, probablement sur le site de la maire de Die, nous ne manquerons pas de relayer ces informations. Bien entendu, le chantier de restructuration de la place de la République va se poursuivre et les différentes phases seront suivies avec beaucoup d’attention par les spécialistes.

Fouilles du mur romain
Fouilles du mur romain : derrière la caisse bleue, des fragments de décors peints tombés de la partie supérieure du mur. L’accumulation se poursuit jusqu’au niveau du géotextile à droite de l’image, qui correspond au niveau du sol.

Concluons en signalant que dans le cadre des :

JOURNEES NATIONALES DE L’ARCHEOLOGIE
7, 8 et 9 juin 2013

Les premiers résultats des fouilles préventives seront présentés au public à DIE lors d’une

CONFERENCE le 7 juin 2013

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