Un mur carolingien mis au jour à Saillans

Les vestiges de l’église primitive découverts à Saillans.

Tous les archéologues vous le diront, c’est toujours dans les derniers temps d’une fouille, lorsque le temps est compté, que les découvertes les plus intéressantes arrivent sur un chantier. Le chantier de fouilles archéologiques préventives de Saillans n’échappe pas à la règle. La semaine dernière les archéologues de Chronoterre Archéologie ont mis au jour un mur orienté Est Ouest (presque parallèle au mur de l’église Saint-Géraud). Il pourrait s’agir d’un mur de l’époque carolingienne, vestiges de l’ancienne église primitive de Saillans. On connaît dans les archives, une mention de l’église romane de Saillans en 1061 mais pas de l’église primitive.

Le mur est conservé sur environ 5 mètres sur sa partie basse. Une partie du parement extérieur du mur est relativement visible même s’il a été transpercé par le passé par une canalisation dans son centre. Côté intérieur, les archéologues ont découvert un enduit très fin peint sur une quarantaine de centimètres de hauteur (avec une palette de couleurs très variées dont des pigments de couleurs rouge, ocre, bleu, jaune, vert, noir…)…

Un décor assez simple dont seule la partie basse (un drapé orangé sur fond blanc, une base de médaillon) est lisible.

Ce décor peut contribuer à indiquer que nous sommes bien dans un ancien édifice sacré. Dans les niveaux de démolition, les archéologues ont également trouvé des morceaux de l’enduit décoré.

Cela constitue une belle découverte puisqu’il n’existerait pas pour cette période de tels enduits dans la Drôme, ni en région Rhône-Alpes.

Le SRA (Service Régional de l’Archéologie), via l’archéologue du service drômois Joëlle Tardieux a décidé de réorienter les priorités du chantier sur cette découverte. L’objectif étant de bien identifier les liens entre ces éléments mis au jour, l’église primitive et l’église actuelle.

Lors d’une réunion mardi soir en mairie de Saillans, il a été décidé de déposer cet enduit. La mairie est en train de contacter un spécialiste pour le faire. La fouille, qui s’achèvera le 13 décembre sera prolongée d’une quinzaine de jours en janvier sur ce secteur uniquement pour permettre de bien documenter le site.

François Pégon, le maire de Saillans explique que des économies ayant été réalisées sur le début du chantier, il sera possible de financer cette dépose et les jours de fouilles supplémentaires tout en restant a priori dans l’enveloppe financière initiale. À terme un travail de restauration (assemblage des puzzles de l’enduit) et de valorisation pourrait être engagé. Mais là, la collectivité ne sera plus dans l’urgence pour l’envisager, ni pour trouver des financements complémentaires.

Un site historiquement intéressant hormis cette dernière découverte, les archéologues de Chronoterre Archéologie (entre 8 à 11 selon les jours) placés sous la responsabilité de Claire Péquignot, responsable d’opérations fouillent depuis le 23 septembre les abords du Prieuré de Saint-Géraud, et les traces d’un ancien cimetière.

Plusieurs tombes coffres très bien maçonnées ont été mises au jour et fouillées minutieusement par les archéologues. À l’intérieur principalement et seulement des squelettes et restes osseux humains. Certaines tombes sont de très belles factures, avec une logette céphalique pour l’emplacement du crâne. Dans certains secteurs, sur un même emplacement les archéologues ont fouillé jusqu’à 9 niveaux différents de sépultures (soit entre la période moderne le XIXe siècle et la période médiévale, X, XIe siècle pour les sépultures les plus anciennes).

À l’issue de ce chantier, un important travail en post-fouilles attend les archéologues pour analyser les données. À travers les études anthropologiques, on connaîtra mieux l’occupation de ce cimetière et par extrapolation la vie de la bourgade médiévale saillansonne (mode d’ensevelissement, genre, répartition par âge (enfant, adulte), famille, type de maladie et autres pathologie, condition de vie…).

Dans huit mois à l’occasion du rendu du rapport de fouilles on devrait en savoir plus. Les archéologues devraient revenir pour restituer lors d’une conférence le résultat de ces recherches archéologiques aux Saillansonnais qui découvriront alors une partie de leur patrimoine

Texte et photos ©SLC

LE CHANTIER DE FOUILLES PREVENTIVES DE SAILLANS EN PHOTOS :

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Le patrimoine facteur de développement économique

Dea Augusta et Les Amis des Arts par l’intermédiaire de leurs présidents respectifs Christian Rey et Marc Tessier viennent de signer une convention de partenariat.

L’objectif des deux associations n’est pas de fusionner mais bien de lancer des actions communes notamment dans le cadre du projet de développement du musée et le soutien au projet de valorisation des remparts de Die.

Conscientes du potentiel de développement économique que peut offrir le patrimoine au Diois, les deux associations envisagent de conduire ensemble des actions de sensibilisation auprès des pouvoirs publics, des organismes socio-économiques et des citoyens. Cette convention est née de la réflexion au sein des deux associations inspirée par la présentation au printemps du rapport de l’Architecte des Monuments historiques sur la valorisation des remparts.

Signature de la convention par les deux présidents : Christian Rey pour Dea Augusta et Mars Tessier pour les Amis des Arts et du Musée.
Signature de la convention par les deux présidents : Christian Rey pour Dea Augusta et Mars Tessier pour les Amis des Arts et du Musée.

En effet si les deux associations partagent le même amour du patrimoine Diois, le même intérêt pour sa mise en valeur, sa conservation et sa promotion, elles ont chacune leurs propres actions et missions.

En unissant leurs forces, leurs moyens et leurs visions, elles entendent par le biais de cette convention bien peser sur les prochaines échéances électorales du mois de mars pour faire préciser à chaque liste leurs intentions en matière de développement du patrimoine diois. Elles devraient peser notamment dans le cadre du projet du nouveau musée en fixant des rendez-vous avec des responsables politiques, administratifs, associatifs et économiques.

Les deux présidents travailleront sous l’égide de leur conseil d’administration. Ils tiennent à rappeler que leurs deux associations « sont indépendantes de tout groupement religieux, politique et philosophique ». Une indépendance qui est inscrite et soulignée dans cette convention.

En dehors de ce « lobbying action pour le patrimoine, comme vecteur de développement économique, les actions de sensibilisation prendront également des formes plus traditionnelles comme des conférences, publications, conférences de presse, expositions, participation à des opérations officielles telles que les Journées européennes du Patrimoine, la Nuit des Musées ou les Journées de l’archéologie, des enquêtes à caractère économique…

Texte et photos ©SLC

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Rencontre des généalogistes du 8 décembre 2013

Ateliers de l’histoire et du patrimoine : Généalogie

Le vendredi 8 décembre 2013 un dizaine de «généalogistes amateurs » se sont retrouvés à Montmaur, dans la Salle du Conseil pour échanger sur leur passe-temps.

Les plus expérimentés ont pu faire bénéficier de leurs conseils les débutants, les demandes étant très diverses : comment retrouver un ancêtre ayant émigré aux Etats-Unis ? Comment faire des recherches sur un enfant ayant été abandonné, etc…

Un rappel de la loi a été fait sur les possibilités d’accession aux actes d’état-civil, les délais de communication.

Rencontre des généalogistes du 8 décembre 2013.
Rencontre des généalogistes du 8 décembre 2013.

Nous avons pu montrer les avantages d’une généalogie informatisée (ce qui n’exclut pas la version papier), informer sur les deux Associations de généalogie présentes dans notre département; grâce à une connexion Internet nous avons pu avoir accès au site des Archives de la Drôme, ainsi qu’à quelques autres sites de bases pour les généalogistes.

La demande de pouvoir faire une visite aux Archives, comprendre les systèmes de classement pour faire une recherche est très forte et unanime.

Prochaine rencontre :

Le prochain Atelier du Patrimoine aura lieu le vendredi 17 janvier 2014 à 16h30. Les participants ayant beaucoup apprécié le lieu, M. Keller maire de Montmaur, a mis pour cette prochaine rencontre, une nouvelle fois, sa Salle du Conseil à notre disposition.

Nous essaierons de travailler à partir d’un thème : rechercher un acte sur le site des Archives de la Drôme, en projetant sur un écran pour que chacun puisse se familiariser avec la méthode.

Les personnes intéressées peuvent se faire connaître en utilisant notre formulaire de contact :

Contact

C.P.

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Chroniques du Diois N°20

Chroniques du Diois N°20
Décembre 2013

Couverture Chroniques du Diois N°20

Sommaire

Pages

Histoire
Les maires de Die : Paul Coursange (1918-1922)
Marcel Bonniot

2

Le kiosque à musique
Christian Rey

4

Le monument commémoratif de la Révolution
Christian Rey

6

Le siège de Die en l’an 1574
Emmanuel Poujol

11

La commanderie de templiers de Lus-la-Croix-Haute
Michèle Bois

14

Archéologie
L’autre statue de la République
Jacques Planchon

18

Géographie
Les repères altimétriques du NGF
Christian Rey

20

Ethnologie
Mûriers et sériciculture dans le Diois
Jean-Claude Rouchouse

21

Usages populaires des plantes dans le Diois
Association FloréMonts

24

Patrimoine
A propos du chemin des remparts
Christian Rey

28

Classés ou inscrits ? Promenade dans le patrimoine diois
Christian Rey

29

Bibliographie
Séverine Beaumier
Jean-Claude Daumas

32

Le Néolithique, révélé par une fouille archéologique préventive à Die

Un chantier de fouilles préalable

Du 7 octobre au 15 novembre, les archéologues de Paléotime ont réalisé le chantier de fouille préventive prescrite par l’Etat sur le chantier d’extension de la Cave de Die Jaillance. En effet c’est dans ce secteur qu’avait été découvert fortuitement en 1991, un ensemble de stèle néolithique dont une statue menhir de 4 m de haut (aujourd’hui exposée au musée de Die). Si ce type de stèle est assez commun dans l’Ouest de la France et notamment en Bretagne, le grand menhir de Die reste unique pour tout le sud de la France.

Des traces d’occupation humaine

Dans les sondages de diagnostic réalisé en avril 2013 par l’INRAP, les archéologues pensaient avoir décelé les vestiges d’un paléochenal (ou paléovallon, est une dépression naturelle ayant piégé des sédiments sur une grande durée). « Quelque chose d’extrêmement rare, puisque nous en connaissons peu pour cette période » explique Julia Patouret la responsable scientifique du chantier de fouilles pour le compte de Paléotime (un opérateur d’archéologie préventive, agréé par l’Etat pour les périodes allant du Paléolithique à la Protohistoire).

Vue générale du site en cours de fouille.
Vue générale du site en cours de fouille.

Dans cette ancienne terrasse de galet de la Drôme, entre le ruisseau de Cocause, des creusements naturels ont permis de piéger les installations mises au jour par les archéologues pendant leur campagne de fouilles cet automne.

Deux zones d’anciens foyers font l’objet d’une fouille méticuleuse.
Deux zones d’anciens foyers font l’objet d’une fouille méticuleuse.

Le site (une emprise d’environ 2000 m2 fouillés) se situe entre le néolithique moyen (entre 4500 et 2500 avant J.-C) et le néolithique final (2500-1800 avant J.-C.). »C’est une fourchette plutôt large » prévient la responsable d’opération. « Sur ces périodes nous avons l’habitude de raisonner en millénaire. »

Sur le site, un fossé avait été repéré par l’INRAP lors du diagnostic, qui s’est avéré être une succession de petites dépressions naturelles et non un aménagement anthropique. En dehors de ce fossé existe sur le site un grand paléochenal (dans la petite bande au sud de l’emprise) qui contient du mobilier néolithique encore indéterminé.

Autour des ces ruisseaux plusieurs empierrements, des traces d’anciens foyers ont été mis au jour. « Nous avons plusieurs systèmes d’organisation dans l’aménagement des fosses. Nous avons là une occupation liée à une activité technique humaine.  » A cet instant précis de la fouille, il était encore difficile pour les archéologues d’être affirmatif pour déterminer précisément la fonction des foyers : alimentation humaine, atelier de séchage de viande, grillage de graines…

Un ancien ruisseau en cours de fouille, les géotextiles sont destinés à protéger les bords de la tranchée pour permettre aux archéologues une bonne lecture de la stratigraphie du sol.
Un ancien ruisseau en cours de fouille, les géotextiles sont destinés à protéger les bords de la tranchée pour permettre aux archéologues une bonne lecture de la stratigraphie du sol.

« C’est pour le moment difficile de dire s’il s’agit d’occupation sur de longues périodes, sur plusieurs génération ou d’une seule et même occupation. Nous devrions pourvoir le préciser en post-fouilles » indique Julia Patouret. C’est à dire lors du travail d’analyse de l’ensemble des éléments découverts par les archéologues et notamment du mobilier.

« L’avantage de ce type de structure de combustion est la présence de charbons de bois qui permettront des datations au Carbonne 14. Cela donnera la possibilité d’affiner une datation » précise t-elle. De même les archéologues ont mis au jour du mobilier (silex, petits éclats, petites lames, fragments de céramiques sans décors, des fragments de meule en pierre, malacofaunes, petits escargots) qui leur permettra de mieux caractériser la période d’occupation et le milieu naturel.

« C’est un beau site, bien conservé » concluait Julia Patouret à l’issue de la présentation du chantier.

Fragment de lame en silex, typique du Néolithique, découvert sur le site.
Fragment de lame en silex, typique du Néolithique, découvert sur le site.

Sur le sol décapé, un foyer apparaît, à l’arrière plan, les archéologues au travail.
Sur le sol décapé, un foyer apparaît, à l’arrière plan, les archéologues au travail.

Le rapport de fouilles qui devraient être rendu l’été prochain permettra d’en savoir plus. Les archéologues pourront aussi faire le lien sur les occupations les plus anciennes du Diois autour des sites les plus emblématiques de cette période de Maumuye à Saint-Roman, les grottes du Trou-Arnaud (Chasséens) à St-Nazaire. Enfin les archéologues devraient revenir si le projet de phase 2 de la Cave de Die Jaillance se réalise. Une zone a, en effet, été mise en réserve sur la seconde partie du Site.

Texte et photographies : ©SLC-novembre 2013

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